Plan

Chargement...

Figures

Chargement...
Couverture fascicule

lntaille trouvée dans une sépulture du cimetière mérovingien de Bulles

[article]

Année 1978 13 pp. 53-54
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw

REVUE ARCHEOLOGIQUE DE L'OISE N° 13/1978

INTAILLE TROUVEE DANS UNE SEPULTURE DU CIMETIERE MEROVINGIEN DE

BULLES (OISE-FRANCE)

Historique des intailles et camées

L'origine de ces petites pierres gravées en creux (intailles) ou en relief (camées) remonte jusqu'en Mésopotamie (sceaux et cylindre- sceaux). Ils étaient en général montés en bague et répondaient à la même utilisation que les sceaux en général.

Les Egyptiens attribuaient aussi un pouvoir magique aux pierres gravées; elles protégeaient et guérissaient les maladies fiévreuses (paludisme). L'agate est capable de donner un pouvoir d'amour aux hommes pour des femmes indifférentes jusque-là.

Les Grecs avaient une passion pour les intailles, considérées comme talisman; ils y gravaient des formules magiques. Cette coutume sera reprise par les Egyptiens. Certaines figures animales avaient aussi leurs symboles et leurs vertus magiques (scorpion, scarabée, serpent...) (2). On retrouve cette coutume chez les Chal- déens, les Chinois, les Arabes et dans les symboles chrétiens (3).

Les « Barbares » essayèrent eux aussi de se faire des intailles ; mais ils furent rebutés par leur inexpérience de la gravure dans une pierre aussi dure et d'aussi petites proportions. Ils réemployèrent donc les intailles des Anciens. Chil- déric possédait un modèle moyen qui n'était pas à son effigie. Les Carolingiens réutilisaient des gemmes antiques qui avaient pour thèmes des personnages mythologiques.

Ces pierres antiques étaient très résistantes, ce qui explique leur emploi tardif ; plus tard elles devinrent des amulettes qui donnèrent lieu à des pratiques de superstition. C'est ainsi que du VIe siècle après J.-C. au Moyen Age, on attribuait à certaines pierres antiques un pouvoir protecteur et suivant les différents symboles, on leur attribuait diverses vertus magiques. Très longtemps, le clergé donna des interprétations bibliques pour des intailles et des camées à personnages (en

fait mythologiques) qu'on conservait dans les églises. En Italie jusqu'au XVIIIe s, il subsista des légendes au sujet de ces pierres

Description et hypothèses sur l'intaille de bulles

Cette pierre bleue ovale fait 15 m/m sur 12 m/m pour une épaisseur de 4 m/m. Elle fut trouvée en 1976 dans la fosse n° 296 de la nécropole mérovingienne de Saine Fontaine à Bulles (en cours de fouilles); cette sépulture peut être datée du niveau II Bohner (485- 525 ap. J.-C).

La taille de cette pierre est de bonne facture ; on n'y décèle aucun défaut, même au grossissement X 50 de la loupe binoculaire ; c'est une agate à dominante bleu sombre et lame jaune (la mer du décor).

En examinant la photographie ci- jointe, on note que le motif gravé se compose d'une barque avec au centre une sorte de perche, sur laquelle est empalé un animal; de part et d'autre se trouvent deux oiseaux de proie (rapaces à bec crochu) regardant vers le pal.

La barque présente une proue en col de cygne avec tête regardant vers l'avant; la poupe est également redressée très haut et se termine par une figure regardant vers l'arrière. Sous le navire, on observe l'équivalent d'un butoir; nous pensons que ce n'est pas un éperon, mais un «taillemer» qui est un vestige des tout premiers bateaux. Cette extension aidait à tenir la route, en guise de quille. Des stries obliques sous la coque

rent les rames du navire, et à l'arrière on devine la barre, un peu déplacée, semble-t-il.

C'est une barque dont la forme est incertaine quant à l'origine. On retrouve des représentations de telles barques dans les styles gréco- crétois et minoens (4). Une monnaie Antoniani de Posthumus représente une galère romaine d'aspect assez voisin ; cette monnaie a plusieurs ateliers de frappe : Cologne, Rome, Milan, Antioche. Quelques rares intailles représentent également des navires avec des éperons et des trophées sur un ou plusieurs pals (5). En fait, il s'agit probablement d'un navire de guerre romain, interprété grossièrement en fonction de la coupe ovale de la pierre (6).

Les deux oiseaux, faucons ou aigles, sont debout, ailes soulevées. Ce motif d'ornementation est fréquent et se prête bien à l'intaille. Dans l'Antiquité, il signifie généralement la royauté (7a), ou le dieu de la mort (faucon Horus d'Egypte). Les ailes largement déployées de l'aigle se retrouvent par contre sur les armoiries et enseignes des empereurs. En Syrie, l'aigle est caractéristique du soleil ; il est chargé de porter l'âme vers cet astre et tient souvent dans son bec la couronne, symbole de l'immortalité.

Une stèle de T. AURELIUS TER- TIUS (Galerie lapidaire du Vatican) montre près du buste d'un mort, deux aigles prenant leur essor «apothéose du triomphe sur la mort » (7b).

C'est peut-être le symbole représenté sur notre intaille.

Le mât au centre est plus mystérieux. On pourrait y voir un arbre de vie, planté sur le pont de la barque de la mort ; c'est un thème fréquent où l'arbre est soit touffu et à la frondaison exhubérante, soit très stylisé comme le dattier en bouquet. Ici l'agrandissement photographique montre qu'il s'agit d'un mât, avec un animal empalé ressemblant à une tortue, dont les pattes de devant sont griffues. Le «trophée» habituel sur un mat se pré-

53

Détail de l'intaille
Détail de l'intaillemoremore
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw